L'épuisement

Ça y est, c’est presque fini… mais personne ne comprend pourquoi. À ce stade la science n’apportera aucune innovation salvatrice, même si la technologie cherchera encore à tout contrôler jusqu’à la dissolution finale. L’explication est pourtant simple. Il suffit de se pencher sur la pratique néfaste de l’abstraction et de la place prépondérante qu’elle occupe au cœur de notre activité mentale. Son rôle, au fil des siècles, nous a amené à une falsification presque complète de ce qui « est », au profit d’une réalité artificielle manipulée par des technocrates indifférents aux conséquences de cette transformation. 
 
 
Nous sommes obligés de constater qu’il est pratiquement impossible de s’attaquer à l’apport culturel et scientifique des grands génies déifiés par l’élite occidentale, défoncée par son addiction au progrès. La capacité de la caste savante à mettre en place un système infaillible, basé sur l’usage de la logique et de la raison, a donné naissance à un esprit dominateur (obstiné et implacable), qui va soumettre notre manière de penser aux exigences sévères de l’objectivité. J’en ai déjà parlé ailleurs, mais il est temps d’aller plus loin.

L’objet, en tant qu’abstraction, représente une falsification implicite de la réalité sous-jacente. Sa caractérisation se réduit typiquement à une liste d’attributs, dont certains confèrent des propriétés qui rendent l’objet manipulable. La manipulation elle-même s’effectue grâce au formalisme mathématique, qui permet de compter, mesurer, déplacer et transformer l’objet à l’intérieur d’un espace aussi abstrait que les choses qu’on y loge. L’unité, attribut unique (et magique) de la réalité, est ainsi niée au profit d’un morcellement illégitime, cadré par l’ensemble des manipulations qui s’y associent. Les relations entre les différentes classes d’objets se décrivent alors par des normalisations projetées dans un espace multidimensionnel construit à partir d’éléments communs aux classes qui les partagent. 
 

 Comme nous l’avons déjà vu, l’unité correspond à la nature profonde du « vivant ». Entité impossible à démonter en pièces, pour être reconstruite par la suite sans qu’elle ne se déleste de son état primordial. Le vivant est obligatoirement conscient de son état et de ses limites. Cette conscience s’exprime par des notions de cohérence et de connectivité (l’espace que j’occupe à différentes échelles), qui s’appuient elles-mêmes sur des transpositions analogiques, allant du domaine du plus petit jusqu’au plus grand, où rien n’existe à l’état séparé. Et là, c’est la transposition musicale qui gère l’intégration de l’individu dans le corps d’un univers où chacun est déjà à sa place. Il suffit d’écouter.

Aujourd’hui, hélas, la parole inutile l’emporte sur l’écoute et la modélisation mathématique sur la réalité immédiate. Il ne reste plus grand-chose à dire face à cette surdité incurable. Le bruit fatigue nos tympans endommagés. Au niveau des sens il reste encore l’image, mais elle ne suscite plus que des convoitises marchandes. La pixellisation rend l’objet manipulable par l’intelligence artificielle. Bien plus performante au niveau des falsifications, l’IA s’avère être l’outil ultime. La transformation du vivant en objet devient concevable. Le domaine du transhumain se précise. 
 

 
Richard Wagner disait que « la civilisation est neutralisée par la musique aussi sûrement que la lueur d’une lampe est effacée par la lumière du jour ». C’est une phrase dont il faudra tenir compte et se souvenir, car elle est formulée dans un langage prophétique. Citoyen !  Tu auras été trompé par les génies qui t’ont conduit à ta perte. Bientôt tu ne pourras plus dire « on nous prend pour des cons ». Ils savent que tu es con. Ce sont eux qui t’ont formaté. C’est pour ça qu’ils n’essayent plus d’« éduquer » les générations futures. Leur travail est terminé. Le futur antérieur remet tout à sa place. À l’instant où le passé et le futur fusionnent, le cycle touche à sa fin.


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Récital Guillaume Vincent – Hommage à Chopin

Soirées musicales de fin d'été