Retour en Californie

Me voici dans la baie de San Francisco depuis un mois, à nouveau en résidence temporaire dans la région où j’ai passé cinquante ans de ma vie et où je reviens pour la première fois après trois années d’absence liées aux restrictions sanitaires du Covid. 

 
Le premier article de ce blog, publié à cette époque, n’était qu’une réaction immédiate aux contraintes hors-normes imposées par la soi-disant lutte contre la « pandémie », transformée entre-temps en opération de flicage techno-assistée à l’échelle mondiale. Le comportement passif-agressif des médias chargés de faire durer la crise, tout en y ajoutant la menace d’une guerre sans fin (en attendant la pandémie suivante), ne surprend même plus. Le chaos s’installe sans opposition de la part d’une société fatiguée et abrutie, soumise aux sollicitations soutenues d’un triomphalisme impérial hallucinant, colporté par une classe dirigeante imbue d’elle-même et de son réseau mondialiste omniprésent.

Le problème vient de la transition récente vers un monde virtuel interconnecté, construit pour remplacer la réalité physique consensuelle, qui servait de repère autrefois. Dans son nouveau cadre sémantique futuriste, l’information obtenue en temps-réel n’a aucune valeur. Elle n’a aucun sens intrinsèque. Imperméable au décodage par l’appareillage sensuel nécessaire à toute interaction avec le monde physique, la réalité post-moderne devient un phénomène insaisissable : un fantasme numérique sans fin. Et c’est ce recours à une information vide de sens qui caractérise le discours des institutions émergentes. Le bolchévisme woke de leurs tractations nihilistes au cœur du réseau en place repose sur une perversion de l’état d’éveil sensuel qui permet à un individu libre de créer sa propre réalité à partir d’expériences obtenues de manière organique.

La Californie est à la pointe de la transition vers le « transhumain », conçue comme une soumission croissante au vide virtuel, où la technologie étouffe à la fois l’esprit créatif et l’esprit critique. Le gavage intensif par un flux d’informations addictives, inutiles et indigestes, ferme la voie à un mode de conscience plus élevé. Le bipède techniquement assisté de demain ne sera qu’un gros consommateur, muni d’un sommateur analogique lui permettant d’effectuer la synthèse arbitraire des pistes numériques médiatisant son existence.

La Californie est aussi un endroit où la richesse s’affiche sans complexes, même si le citoyen moyen commence à accuser les coups d’un sort économique malveillant. À Heavenly Valley, dans la Sierra, au bord du Lac Tahoe, 3 bières sont facturées à plus de $50 à des gens qui déboursent $225 pour une journée de ski en week-end. Cette année le mauvais temps sévit et les coupures de courant sont nombreuses. Elles réduisent la journée de ski à quelques heures, mais les prix ne baissent pas pour autant. Le luxe n’a pas de prix. 
 

On sent quand même que la fanfaronnade des gens qui « ont les moyens » ne s’étale plus aussi librement qu’avant. Les temps changent. Bien qu’ils puissent s’adonner à un style de vie sybarite au milieu de tentes où s’entassent les sans-logis, l’expérience n’a rien de rassurant. Les piliers de la société de consommation tiennent, mais jusqu’à quand ? Et ensuite quoi ? L’individu ordinaire, nez planté dans le téléphone, ressemble de plus en plus à l’autruche proverbiale qui cherche à éviter l’inévitable.

Les camps de SDF, installés sous les autoroutes il y a trois ans, ont tous été démontés. Les espaces autrefois utilisés sont entourés de hautes clôtures en fer qui les rendent inaccessibles. Les priorités de l’État sont là, clairement affichées. On n’arrête pas le progrès…

L’ascenseur social fonctionne encore, mais en 2023 il risque bien de s’arrêter. Nul n’est prophète en son pays et il vaut mieux attendre que prédire. Je préfère donc garder le sourire en vous souhaitant une bonne année.

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